Écrit par CESIP
L'agitation se fait sentir dans les rues, qui se transforment chaque jour en marchés. Il est 6 heures du matin et fruits, légumes, viandes et toutes sortes de marchandises décorent les longues rangées d'étals éphémères.
Aujourd'hui est dimanche; il n'y a pas d'école et c'est un jour de repos pour la grande majorité des écoliers. Mais pas pour les autres enfants et adolescents qui doivent travailler dans le quartier, parfois avec leur famille, parfois avec leurs employeurs ou parfois seuls, car, comme ils le soulignent : « aujourd'hui il y a plus de ventes et donc plus de profit »
Cette réalité fait que l'équipe du CDINA-APTI, composée de professionnels de l'ONG CESIP et des institutions partenaires, se rend dans la zone où se trouvent les enfants et adolescents travaillant, car nous avons découvert que se déplacer dans les zones où ils se trouvent est une bonne stratégie, car un plus grand nombre d'entre eux en profite. Auparavant, nous les invitions à notre siège mais très peu arrivaient, car assister à nos activités signifiait qu'ils s'arrêtaient de travailler pendant quelques heures, ce qui signifiait moins de revenus pour eux. Nous arrivons donc maintenant aux terrains de sport situés dans les différents marchés aux alentours, armés d'auvents, de tables, de bancs, de « tapis » et de tissus. Le tout dans le but d'offrir aux garçons et aux filles l'opportunité d'apprendre, de s'amuser et de partager.
Pendant que nous installons les auvents, les garçons et les filles qui travaillent dans la rue se rapprochent, avec beaucoup de curiosité et d'enthousiasme pour participer aux cours de bricolage. D'autres sortent en criant « Ils sont arrivés, ils sont là ! », invitant leurs pairs à se joindre au salon.
Les enfants partagent leurs expériences et apprennent leurs droits
Après installation, l'équipe du projet accueille les enfants et adolescents qui sont placés sur les « tapis » selon leur ordre d'arrivée pour démarrer les activités.
Les éducatrices responsables de l'activité créative – récréative remettent à chaque participant le matériel dont ils auront besoin pendant qu'ils lisent les instructions pour réaliser leur bricolage. Aujourd'hui, ils fabriqueront un pot à crayons avec des « bâtons » en bois, du carton, de la ficelle, des autocollants, et utiliseront des ciseaux, du ciment silicone et des agrafeuses.
Pendant l'activité on les entend dire « tu dois coller ici », « c'est comme ça… », « on peut changer l'autocollant s'il te plait », « comme c'est joli mon travail », « prête moi les ciseaux », « Je vais t'aider », etc. Dans cet espace les garçons et les filles s'amusent et apprennent en jouant, on observe que les plus grands aident les plus petits, développent leurs compétences personnelles et sociales, et arrivent aussi à exprimer leurs émotions et des avis.
Pendant la foire, nous informons les parents du projet et nous invitons les garçons et les filles à venir au siège du CDINA pendant la semaine pour participer à cette activité et à d'autres.
En plus des activités créatives et récréatives, les participants bénéficient d'autres services. Des membres de diverses agences de l'État ont collaboré aux activités, telles que : le Centre d'urgence pour les femmes – CEM Carabayllo (1), un service public spécialisé et gratuit pour la prévention et la sensibilisation aux violences familiales et sexuelles ; Le Centre mère-enfant El Progreso(2), dont les professionnels ont fourni des informations sur les soins de santé et le Programme municipal de prévention et d'éradication du travail des enfants dans le district de Carabayllo – PPETI (3). Ces institutions ont fourni des services aux garçons et aux filles qui travaillent dans les rues de la région et à leurs familles.
Les enfants réfléchissent à l'importance d'avoir le soutien de leurs parents/tuteurs.
Le soir arrive, les vendeurs du marché remballent leurs étals et la rue est à nouveau libre, il est temps pour l'équipe de repartir. Aujourd'hui, nous avons réussi à toucher une vingtaine de parents et 50 enfants et adolescents qui ont laissé derrière eux leur travail dans la rue pendant quelques heures pour se sentir libres et s'amuser.
Pendant qu'ils nous aident à ramasser le matériel, nous leur disons au revoir et ils nous demandent avec enthousiasme quand ils pourront revenir. Que ferons-nous la semaine prochaine ? En réponse, nous réitérons l'invitation au siège du CDINA et expliquons que nous serons de retour dans trois semaines. La semaine suivante, nous irons dans d'autres marchés de la région, profitant de nos foires pour que les garçons et les filles de la ville puissent profiter des activités et avoir accès aux services de santé et à la protection contre la violence.
Et donc, la journée terminée, avec la satisfaction de les avoir rejoints ainsi que leurs familles, nous nous reverrons bientôt…
- Service du Ministère de la Femme et des Populations Vulnérables – MIMP
- Agence du Ministère de la Santé – MINSA
- Sous-direction des femmes, défense des femmes, des enfants et des adolescents – DEMUNA, Office municipal de prise en charge des personnes handicapées – OMAPED et des personnes âgées de la municipalité de Carabayllo.
À propos du projet
Le Centro de Desarrollo Integral del Niño, Niña y Adolescentes [Centre pour le développement intégral des enfants et des adolescents] – Projet CDINA et Aprender a Pensar en Trabajo Infantil [Apprendre à penser le travail des enfants] – APTI, est géré par le Centro de Estudios Sociales y Publicaciones [Centre d'études et de publications sociales] – ONG CESIP en collaboration avec Consortium for Street Children (CSC) et financée par Red Nose Day Foundation.
L'objectif du projet est que les enfants et les adolescents qui travaillent dans la rue à Lima, au Pérou, améliorent l'exercice de leurs droits à l'éducation, à la santé, aux loisirs et à la participation ; et être plus protégés par leurs familles et les organismes publics, en évitant le risque d'une vie dans la rue.